16.2.12

La peinture du cri humaine


J'ai espéré faire un jour la peinture la meilleure du cri humain. Je n'en ai pas été capable. -Francis Bacon


Francis Bacon. Né à Dublin en 1909 de parents anglais, Francis Bacon quitte sa famille dès 1925, en raison de conflits avec son père qui réprouve son homosexualité. A l'âge de 16 ans, il part pour Londres, puis séjourne pendant plusieurs mois à Berlin et à Paris. Après avoir vu une exposition de Picasso, il réalise des dessins et des aquarelles. Il retourne à Londres en 1929, crée ses premières grandes toiles et commence à exposer ses oeuvres. Ce n'est qu'à partir de 1944 qu'il se consacre entièrement à la peinture. Parmi ses oeuvres, on peut citer le triptyque Trois études pour une crucifixion, Deux figures, de nombreux autoportraits... Devenu très vite célèbre, Francis Bacon connaît le succès jusqu'à sa mort. Dans ses oeuvres violentes, dérangeantes, difficilement accessibles, il exalte la chair, les corps promis à la décomposition, et peint des mondes clos, étouffants, dont personne ne peut s'évader. Extrêmement cultivé, nourri de références philosophiques, ce peintre s'attache à exprimer la sensation, le désir, l'effroi, en restant le plus instinctif possible. Aujourd' hui, l'artiste britannique décédé en 1992 est unanimement considéré comme l'un des plus grands peintres de la fin du XXe siècle.

La peinture du cri humain. A partir des années 50, Bacon se consacre à des portraits et il fait du corps le motif récurrent de sa peinture figurative. On peut remarquer le traitement de la bouche : c'est l'élément privilégié par Bacon. Cette bouche omniprésente peut être chez Bacon conçue comme le mythe fondateur de ses tableaux. L'ambition de Bacon est de "faire un jour la peinture la meilleure du cri humain". Le monstrueux naît chez Bacon de la déformation pour dire la dilution de son être et donner corps aux cris intérieurs de l'être humain.
Le thème du cri lui est inspiré d'un plan célèbre - l'image de la nurse criante et pleurante - du film d'Eisenstein le cuirassé Potemkine (1925), que Bacon vit vers 1935 et revit plusieurs fois ensuite. A la même époque, l'artiste fut aussi très impressionné par un ouvrage traitant des maladies de la bouche (diseases of the mouth), illustré de planches coloriées.
Bacon a beaucoup peint par série. Sa série de 8 portraits ou études d'après le portrait du pape Innocent X a été réalisée au début de l'année 1953. Bacon affirmait que l'image du pape, comme ailleurs le thème de la crucifixion, ne provenait pas chez lui de la religion. Il disait être habité par un des plus beaux portraits qui ait jamais été peint. Ses papes présentent plutôt une situation humaine singulière, où l'individu est comme pris au piège, isolé, en proie à une force invisible qui s'exprime dans un cri (Philippe Lamiral, Cri Humain, Paroles de Peintres, 22.11.2008).

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